20 juillet 2022
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Eléonore Henriot, « Vêtements et parure à la Cour de Castille (1477-1486), d’après les comptes de Gonzalo de Baeza, trésorier d’Isabelle la Catholique », Artefact, ID : 10.4000/artefact.10758
À l’instar d’autres cours européennes, le vêtement occupe une place importante à la cour d’Isabelle de Castille (1415-1504). Fondée sur l’inventaire des comptes du trésorier d’Isabelle la Catholique, Gonzalo de Baeza, cette étude du fait vestimentaire a pour cadre la cour de Castille de 1477 à 1486 (correspondant au premier registre des comptes). Ceux-ci témoignent d’un vestiaire extraordinaire, tant du point de vue de la quantité et de la variété des vêtements que de la qualité des tissus et des ornements. La reine accorde une importance considérable à la mise en scène vestimentaire, comme en attestent la multitude et les montants des dépenses inventoriées par son trésorier. Les comptes nous livrent les données brutes du vêtement et révèlent une organisation méthodique des achats et des livraisons. Ceci suggère un système hiérarchique complexe dans lequel la construction d’une image, la symbolique qu’accorde Isabelle la Catholique au vêtement, concourt à donner à ce dernier un rôle politique. L’approvisionnement en vêtements révèle une organisation dans laquelle rien n’est laissé au hasard. Une exigence de qualité des produits (des tissus comme des plantes tinctoriales) commande le choix des lieux de ravitaillement (les villes de foires de Castille) et explique également l’extension des achats dans des circuits internationaux. Les conditions économiques et techniques de ce commerce de tissus s’imposent fortement.À l’intérieur de l’hôtel, l’organisation des achats, le rangement des tissus (par des officiers) et l’attribution des vêtements sont également très organisés. Les comptes révèlent que, pour un même vêtement, la quantité, la qualité, la couleur des tissus n’est pas identique selon qu’il est destiné à la reine, à une dame de compagnie ou à une esclave. Ainsi, qualité, quantité, couleur des tissus diffèrent entre les différents bénéficiaires. Par le vêtement porté, offert, Isabelle la Catholique va développer une stratégie d’affirmation du pouvoir royal. À la cour de Castille, comme dans d’autres cours, tout est hiérarchisé et donc toutes les variables du vêtement (quantité, qualité, couleur) sont utilisées pour témoigner, renforcer, codifier les différences. La reine semble avoir à cœur de rendre visible cette hiérarchie à l’intérieur de l’hôtel mais également à l’extérieur (vêtement comme cadeau politique, support de propagande).