1 décembre 2022
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Pierre Degott, « When Eros meets Thanatos: the bedchamber scenes in Congreve/Eccles’s and Handel/Hamilton’s Semele(s) », Arrêt sur scène / Scene Focus, ID : 10.4000/asf.524
Lors de la création de l’opéra-oratorio de Haendel Semele (1744), Charles Jennens, le futur librettiste du Messie, parla sans ambages d’un « ouvrage obscène ». Il est vrai que les images sexuelles d’un texte autrefois conçu par William Congreve à l’intention du compositeur John Eccles avaient de quoi rebuter le public d’oratorio des années 1740, davantage en quête de nourritures spirituelles que de sous-entendus grivois tels qu’on pouvait en trouver dans les pièces de la Restauration.Adapté des Métamorphoses d’Ovide (Livre III, vers 251-313), l’ouvrage repose sur l’hubris de la jeune et ambitieuse Sémélé, qui n’a de cesse de voir son amant Jupiter dans tout l’éclat de sa divinité dans l’espoir d’obtenir l’immortalité. Même si le terme « scène de lit » n’est pas mentionné explicitement, deux scènes se situent dans les appartements privés de Sémélé, dans lesquels l’héroïne attend voluptueusement son amant.L’article s’attache tout d’abord à examiner les sous-entendus sexuels du texte verbal, à la fois dans la version originale de 1707 et dans celle réécrite par Newburgh Hamilton au début des années 1740. Il montre ensuite comment la seconde scène de lit marque l’union d’Éros et de Thanatos, avec notamment le fameux « coup de foudre » lancé par Jupiter. Enfin, l’article développe la dimension méta-opératique qui caractérise les deux mises en musique du livret.