18 octobre 2021
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Van der Hallen Thomas, « Briser les « chaînes extérieures » : le combat commun de la Révolution française et de la Doctrine de la science de Fichte », Astérion, ID : 10.4000/asterion.5629
Dans sa violente charge contre la Révolution française, Edmund Burke avait élevé le débat politique à un niveau philosophique. Son argument le plus profond consistait à reprocher aux révolutionnaires de pécher par apriorisme, en cherchant à déduire, comme des géomètres, une nouvelle constitution à partir des principes abstraits énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme. Reprise par les disciples allemands de Burke, cette critique de la méthode adoptée par la Constituante tirait des postulats empiristes des Lumières anglo-écossaises toutes les implications conservatrices que recelaient déjà les textes politiques et historiques de Hume. Or c’est d’emblée sur ce terrain spéculatif que se joue, chez Fichte, la défense du droit de révolution. Reprochant à l’empirisme de réduire l’esprit au « mécanisme aveugle de l’association des idées », passivement déterminé par une extériorité en soi, Fichte entend au contraire fonder l’expérience elle-même sur l’activité d’un « Moi-en-soi », absolument indépendant. Conçu comme causalité libre, pouvant donc s’affranchir des « conjonctions coutumières » humiennes pour commencer une nouvelle série dans l’ordre des phénomènes, l’homme, pour Fichte, n’a pas seulement la « faculté de se perfectionner », mais la loi de sa liberté lui en fait même un devoir. Au regard de cet impératif catégorique de perfectionnement, il n’y a pas de Common Law qui tienne. Aussi Fichte ne recule-t-il pas devant la révolution, si les institutions du passé font obstacle à la destination de l’homme.