Gouverner les hommes : généalogie de la violence chez Ibn Khaldûn

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18 août 2022

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Cédric Molino-Machetto, « Gouverner les hommes : généalogie de la violence chez Ibn Khaldûn », Astérion, ID : 10.4000/asterion.8297


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Ibn Khaldûn a souvent été présenté comme un précurseur du matérialisme historique : le Machiavel ou le Marx arabe du XIVe siècle. Matérialiste, il l’est indéniablement dans sa méthodologie : l’origine du pouvoir est pensée à partir de la nécessité de contraindre les hommes à coopérer pour qu’ils puissent se reproduire dans leur existence matérielle. Mais à partir de son étude anthropologique des sociétés tribales et des sociétés étatiques, il a développé une analyse originale du pouvoir et de son corollaire : la violence. Le politique peut se concevoir, à partir de l’œuvre d’Ibn Khaldûn (de sa Muqaddima en particulier), comme l’organisation et la coordination de la violence. Celle-ci est vectrice d’unité sociale grâce à l’esprit de corps dans les sociétés tribales en étant dirigée vers l’extérieur : l’attaque des tribus ennemies et la défense de la communauté. Dans les sociétés étatiques, l’affaiblissement de l’esprit de corps nécessite l’établissement d’une autorité politique (wazi’), qui dirige la violence vers l’intérieur comme régulation de l’agressivité naturelle. Loin d’être la négation du politique, la violence est consubstantielle au politique : elle est la condition de possibilité de la préservation d’une totalité et d’une unité sociales. Lorsqu’un groupe social perd sa capacité de violence, la communauté s’effondre, à l’image de la ville de Damas ravagée par les troupes de Tamerlan sous les yeux impuissants du philosophe.

Ibn Khaldûn has often been presented as a precursor of historical materialism: the Machiavelli or the Arab Marx of the 14th century. He is undeniably materialistic in his methodology: the origin of power is thought to stem from the need to force men to cooperate so they can reproduce their material existence. But from his anthropological study of tribal societies and state societies, he developed an original analysis of power and of its corollary: violence. Politics can be conceived of, from the work of Ibn Khaldûn (his Muqaddima in particular), as the organisation and coordination of violence. Violence is a vector of social unity, thanks to the esprit de corps in tribal societies, because it is directed outwards: the attack of enemy tribes and the defence of the community. In state societies, the weakening of the esprit de corps requires the establishment of a political authority (wazi’), which directs violence inwards to regulate natural aggressiveness. Far from being the negation of politics, violence is consubstantial with politics: it is the condition to the possibility of preserving a totality and a social unity. When a social group loses its capacity for violence, the community collapses, just like the city of Damascus ravaged by the troops of Tamerlane before the helpless eyes of the philosopher.

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