Le corps morcelé de Dionysos

Résumé Fr En

Le sparagmos et l’omophagie sont considérés comme des imitations, voire des répétitions de la mise à mort de Dionysos-enfant. Cet article cherche à mettre en évidence que la distinction entre tout et partie est un opérateur pour le démembrement de Dionysos-enfant et de ses suites, distinctes en fonction des sources. Les mythes en présence excèdent l’application d’une opposition, fût-elle complémentaire, entre unité et multiplicité, comme l’atteste le rapprochement entre le corps morcelé de Dionysos et celui d’Osiris. Ils mettent en jeu la pars pro toto et son corrélat, le fait qu’il y ait une partie manquante, qu’elle soit perdue, ou sauvée. Le démembrement de l’enfant, la dispersion de son corps, l’exception de l’une de ses parties sont les éléments d’un dispositif qui vise, semble-t-il, à célébrer sa perpétuelle renaissance.

Sparagmos and omophagia are considered imitations, even repetitions, of the killing of the Infant Dionysus. This article aims to show that the distinction between whole and part is an operator for the dismemberment of the Infant Dionysus and for its aftermath, distinct depending on the source. The opposing myths exceed the application of an opposition—even a complementary one—between unity and multiplicity, as shown by the parallel drawn between the dismembered body of Dionysus and that of Osiris. They bring into play pars pro toto and its correlate, the fact that there is a missing part, be it lost or saved. The dismemberment of the infant, the dispersal of his body, the exception of one of its parts, are elements of a system that would seem to be aimed at celebrating his perpetual rebirth.