30 juillet 2020
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Le Rider Jacques, « Karl Kraus et le naturalisme », Austriaca, ID : 10.4000/austriaca.567
Le rapport que Karl Kraus entretient avec le naturalisme est ambigu : s’il s’en prend à ce mouvement autant qu’au cercle de la « Jeune Vienne », il reste néanmoins un admirateur du Gerhart Hauptmann d’Avant l’aube et des Tisserands. La fidélité de Kraus envers Hauptmann résiste même à l’épreuve de la Grande Guerre et des écrits nationalistes et bellicistes du dramaturge allemand, car Kraus la limite « à la jeunesse révolutionnaire » de l’auteur. Cet attachement au Gerhart Hauptmann des années 1890 ne signifie cependant pas un rattachement de Kraus au naturalisme. Dès les premiers numéros de Die Fackel, Kraus ne rate pas une occasion de critiquer le théâtre naturaliste, notamment tel qu’il a été pratiqué sur les scènes berlinoises. À Zola, il reproche de renoncer à l’autonomie esthétique de l’œuvre et considère que son écriture serait contaminée par le journalisme, bête noire, comme l’on sait, de Kraus. À cette réticence esthétique s’ajoute sa méfiance pour les dreyfusards, notamment à cause de la manière dont la presse libérale a relaté et instrumentalisé l’Affaire. Par ailleurs, l’animosité de Kraus envers Theodor Herzl, dont le drame Das neue Ghetto (Le Nouveau Ghetto) porte des traces de l’influence naturaliste, notamment de Germinal, explique également son attitude ; irrité aussi par les jugements à l’emporte-pièce de Hermann Bahr, Kraus érige Frank Wedekind en contre-modèle en deçà et au-delà du naturalisme.