« Thar she blows ! » : imaginaire de la fin et quête de la nouvelle Jérusalem dans Le Soleil des gouffres de Louis Hamelin

Résumé Fr En

Depuis les premiers explorateurs, l’Amérique a été conçue comme une terre d’asile qui permettrait à l’homme de trouver refuge contre une civilisation européenne jugée dégénérée. Bien des auteurs ont repris à leur compte cet imaginaire disruptif, en l’associant bientôt aux potentialités rénovatrices de la grand-route : de On the road (Kerouac) à Easy Rider (Hopper) en passant par Americana (DeLillo), une même volonté de fuir les ruines fumantes de l’Histoire anime les personnages. Cet article aborde la façon dont Le soleil des gouffres, roman de la route du Québécois Louis Hamelin, retravaille certains des mythes générateurs de représentations de l’Amérique. Il montre, par une analyse des espaces notamment, comment l’écrivain réinscrit au sein de son récit cette tension fondatrice d’un imaginaire continental disputé entre images apocalyptiques, visions affolantes de fin du monde, et quête de (re)commencements quelque part dans un « nouveau » Nouveau Monde.

From the dawn of the first explorers, America has been designed as an asylum that permits man to find refuge against a European civilization deemed degenerate. Multiple authors have started anew under their own account this disruptive imaginary by associating it to the renewing potentials of the open road: from On the Road (Kerouac) to Easy Rider (Hopper) through Americana (DeLillo), this same willingness to flee the smoky ruins of History gives life to their characters. This article approaches the way that Le Soleil des gouffres, a road novel from Quebec’s Louis Hamelin, reworks some of the myths generator of representation of America. It shows, by a space analysis, how the novelist reinstates within his tale this founding tension of a continental fantasy disputed with apocalyptic images, frightening visions of the end of time and quests of new beginnings in a «New» New World.