27 avril 2021
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Thibault Ducloux, « Là où s’échouent les destinées. Les prisons, dévoreuses de mémoires ? », Bulletin de l’association de géographes français, ID : 10.4000/bagf.7009
À l’épreuve de l’enfermement pénitentiaire, la population pénale est traversée par une palette hétéroclite de difficultés (familiales, sociales, financières, professionnelles, judiciaires, administratives, etc.). Si pour la littérature d’aujourd’hui ces vecteurs de « vulnérabilité » sont frappés au coin du bon sens, un autre phénomène appelle, ici, à être renseigné. Parce qu’elle contredit ce que la vie sociale a fait des gens, la vie en prison s’attaque à l’économie réflexive et mnésique de prisonniers qui, les mois passant, « perdent » leurs mots et témoignent à loisir de « trous de mémoire ». Les souvenirs s’entremêlent, le rapport au temps se présentise, l’écart entre le passé et l’avenir se dilate déraisonnablement. Et pourtant. Tandis que tout laisse à penser que la prison constitue un point de l’espace où les mémoires dépérissent, d’autres y refont brutalement surface. Cet état de fait introduit l’idée que l’espace carcéral agirait – aussi – comme le révélateur d’une mémoire habituellement latente et diffuse dans le reste de la société. En l’occurrence, le religieux en est peut-être la plus belle illustration.