30 septembre 2021
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Jimmy Grimault, « Spatialisation et territorialisation du grand éolien en France : le gigantisme contre l’utopie ? », Bulletin de l’association de géographes français, ID : 10.4000/bagf.7559
Avant d’apparaître à l’agenda des politiques publiques au tournant du siècle, les énergies renouvelables étaient initialement portées par des acteurs proposant un projet alternatif de société. Profondément monopolistique, centralisée, polluante, l’énergie nucléaire était alors fustigée au profit d’une diversité d’énergies renouvelables (conviviales, démocratiques, écologiques). Aujourd’hui, les caractéristiques techniques de celles-ci ont profondément évolué. L’éolien, à l’origine bricolé par de petits groupes, devient une véritable industrie à la poursuite du gigantisme. Cet article montre que la spatialisation inégalitaire et la territorialisation imposée et conflictuelle de cette énergie sont à rebours des aspirations initiales. L’éolien moderne est d’abord concentré dans certains espaces agricoles faiblement peuplés alors qu’il était censé rapprocher la production de la consommation. Par ailleurs, dans les communes où se développe le grand éolien les classes populaires sont sur-représentées et les cadres sous-représentés. En outre, les éoliennes sont passées de techniques intégrées aux milieux naturels à des technologies qui en sont spatialement exclues. Enfin, la définition des objectifs par l’État, l’injection de l’électricité sur le réseau national et le monopole technologique des groupes techno-industriels privent les populations locales d’une réelle appropriation. À bien des égards le gigantisme renouvelable est incompatible avec un projet d’émancipation sociale.