9 février 2023
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Jean‑François Staszak, « Homère et le cinéma muet : enjeux historiques et cinématographiques », Bulletin de correspondance hellénique moderne et contemporain, ID : 10.4000/bchmc.1026
Cet article questionne les enjeux et les logiques spécifiques des premières adaptations d’Homère au cinéma. L’analyse porte sur sept productions, à des dates qui balisent la période du cinéma muet. L’article étudie dans le détail chacune des productions, pour en dégager les spécificités et évaluer la réception. Prenant au sérieux leur dimension historique, il examine les sources sur lesquelles ils se fondent et les légitimités dont ils se réclament. En phase avec un cinéma qui évolue vite et profondément dans la période, en fonction du pays et du moment, les réalisateurs et les producteurs mobilisent l’Iliade et l’Odyssée pour des raisons et avec des objectifs différents. En Allemagne et en Italie, Homère se prête à la réalisation de films épiques et spectaculaires, qui permettent de mettre en scène un récit fondateur de portée nationale. En France, Homère est mobilisé dans le cadre d’un cinéma de la monstration qui en privilégie la magie, puis dans un cinéma qui affiche ses ambitions artistiques en faisant appel à des textes classiques. Aux États‑Unis, le cinéma exploite Homère tardivement, et pour le détourner. La question de la fidélité au texte ou à l’époque homérique est abordée de façon très diverse. Pour certains films, qui assument leur fantaisie ou cherchent surtout à respecter la trame du récit homérique, elle ne se pose pas ; pour d’autres, comme les péplums italiens et allemands, l’enjeu est celui de la visualisation d’un lieu et d’une époque, qui passe par l’emploi, sans grand souci de cohérence, de motifs antiques issus des recherches archéologiques.