22 mai 2019
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Mathieu Tillier, « Un « Alceste musulman » : Sībawayh le fou et les Iḫšīdides », Bulletin d’études orientales, ID : 10.4000/beo.5575
Dans son article de 1972 sur « La prise du pouvoir par les Fatimides en Égypte », Thierry Bianquis évoque à quelques reprises un fou de la Fusṭāṭ iḫšīdide, surnommé Sībawayh, une sorte dʾ« Alceste musulman » qui harcelait ses contemporains de sa misanthropie. Autrement ignoré de lʾhistoriographie contemporaine, le personnage nous est connu grâce à un opuscule que lui consacra al‑Ḥasan b. Ibrāhīm b. Zūlāq (m. 387/998). De vingt-deux ans son cadet, ce dernier lʾavait fréquenté de près et fut le témoin oculaire et auditif dʾun grand nombre de ses coups dʾéclat. En replaçant Sībawayh dans son contexte historique, je mʾinterroge sur la portée politique et sociale de la forme de folie dont il souffrit. Au‑delà des topoi que sa biographie partage avec le genre consacré aux « déments sensés » (ʿuqalāʾ al‑maǧānīn), Sībawayh, protégé par sa popularité auprès des masses et par sa démence, se fit le héraut dʾune partie des habitants de Fusṭāṭ exaspérés par le comportement de leurs élites et de leurs dirigeants.