2 mars 2023
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Johan Picot, « Montferrand, la communauté, le consulat et l’arca communis (milieu xiiie-début xvie siècle) », Ausonius Éditions, ID : 10.4000/books.ausonius.16721
Ville neuve fondée au début du xiie siècle par le comte d’Auvergne, Montferrand obtient la première charte de franchises de la région (c. 1196-1198). L’événement consacre l’autonomie juridique de la communitas et entérine la création de son instance exécutive, le consulat. Dès lors, les Montferrandais ne cessent de mettre en avant les signes qu’ils estiment les plus tangibles de leur existence et qui contribuent à signifier l’identité communale comme le sceau, la cloche et l’arche. L’arca communis paraît, peut-être plus que tout autre attribut, l’incarnation de leur indépendance et bénéficie d’une attention particulière. Dès le milieu du xiiie s. au plus tard, le gouvernement urbain soigne le coffre qui renferme les traces légitimant son existence et son administration, mais aussi les matrices sigillaires, le poinçon pour les métaux précieux ou encore les reliques. Fidèle du pouvoir, l’arche suit les pérégrinations d’un consulat qui, faute de maison commune, est contraint au nomadisme dans la ville. Toutefois, la croissance documentaire qui marque les derniers siècles du Moyen Âge oblige les consuls à modifier leurs pratiques de conservation. La multiplication des contenants impose une sédentarisation des arches communales. Le consulat opte d’abord pour l’aménagement d’une “armoire” au sein de la collégiale Notre-Dame (1409), puis décide de donner de la hauteur à ce qu’il qualifie désormais de “trésor de la ville”. Dès 1496, c’est la tour nord de l’église qui conserve, tels des reliquaires, les coffres de la commune. La pratique répond à un besoin de sécurisation, mais aussi de sanctuarisation de la mémoire collective. En effet, si l’arche est un attribut de gouvernement si important aux yeux de la commune de Montferrand, c’est qu’elle incarne et garantit son existence aux côtés de ses (trop) proches rivales : Clermont, ville épiscopale, et Riom, siège de l’administration capétienne.