22 janvier 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Antoine Hermary, « Marseille phénicienne : un mythe du xixe siècle », Ausonius Éditions, ID : 10.4000/books.ausonius.5900
Alors que la tradition littéraire unanime attribue la fondation de Marseille, vers 600 a.C., à des Grecs venus de Phocée et que les premières découvertes effectuées dans la ville ne semblaient pas contredire cette tradition, une théorie selon laquelle Marseille aurait abrité une importante communauté – ou même que les Phéniciens s’y seraient installés avant les Grecs – se répandit à partir du milieu du xixe siècle. Elle avait pour origine la mise au jour, dans le quartier de la Major, d’une inscription phénicienne connue aujourd’hui sous le nom de “tarif de Carthage” : le règlement religieux qu’elle transcrit parut apporter la preuve que des cultes phéniciens étaient pratiqués à Marseille. Même quand l’origine carthaginoise de la pierre sur laquelle est gravée l’inscription eut été démontrée, plusieurs savants (dont G. Perrot) firent crédit à cette théorie, principalement développée par l’abbé Bargès. Un article publié en 1876 dans un ouvrage destiné au grand public montre qu’elle s’était assez largement répandue : l’auteur, A. Saurel, va jusqu’à proposer un plan sur lequel la ville antique est partagée entre un quartier phénicien et un quartier grec. Rien dans les découvertes archéologiques récentes ne laisse penser qu’une communauté phénicienne ait jamais existé à Marseille.