8 juin 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Baptiste Eczet et al., « 7. Décors mobiliers médiévaux et décors corporels actuels : exercice comparatif ethnoarchéologique Shay/Mursi », Centre français des études éthiopiennes, ID : 10.4000/books.cfee.759
Ce chapitre propose une comparaison entre le corpus de motifs gravés sur les céramiques shay et celui des décors corporels d’une population actuelle du sud de l’Éthiopie, les Mursi. Ces derniers emploient deux types de motifs corporels : les kichoa, décors tant féminins que masculins qui sont réalisés en divers endroits du haut du corps par scarification ; les riru, marques pratiquées à l’occasion de l’homicide d’un ennemi et formées de cicatrices de brûlures. Les kichoa, comme plus généralement toutes les modifications corporelles impliquant un saignement, apparaissent comme un traitement social destiné à conjurer divers types d’écoulement du sang, qu’il s’agisse des blessures reçues lors des jeux guerriers ou des événements qui affectent le corps de la femme de la puberté à l’accouchement. Elles accompagnent le cycle ordinaire de la vie sociale. De façon symétrique, les riru sont des marques sèches qui matérialisent l’écoulement d’un sang étranger à la société, celui des guerriers tués.Sur le plan graphique, les motifs riru et kichoa présents sur les corps des Mursi livrent des parallèles frappants avec les paires d’arceaux des décors de la céramique shay. Les motifs en « hameçons » ont aussi leur parallèle dans la culture Shay, tandis que les lignes de motifs kichoa évoquent plastiquement les lignes de bossettes de la céramique. Mais on doit constater aussi la plus grande variété du répertoire shay par rapport au répertoire mursi. Au final, le répertoire iconographique shay, qui ne peut se décrypter au seul vu du contexte culturel offert par les Mursi, paraît devoir s’inscrire dans un éventail de motifs symboliques présents à une large échelle régionale