9 juin 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Gérard Lapacherie, « Arts, culture, patrimoine du Queyras (xixe-xxe siècles) », Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, ID : 10.4000/books.cths.11362
Au sujet du Queyras (Hautes-Alpes), la thèse d’une vallée de haute montagne fermée, sans lien véritable avec l’extérieur et rétive au progrès a été exprimée par Raoul Blanchard et reprise par des historiens des Alpes et du Queyras (Robert Burns, général Guillaume, etc.). Or, elle est démentie par des études récentes ou des faits, naguère ignorés, matériels (irrigation de 50 % des terres et « niche » de marché) ou immatériels, qui relèvent de la culture : tableaux, vitraux, statues, goût pour l’érudition, pratique du théâtre et du plain-chant, haut niveau d’instruction. Pour comprendre ce qui a donné du crédit aux thèses sur la fermeture, l’archaïsme, l’extériorité à l’histoire, il faut analyser l’épistémè de ceux qui ont formulé ces thèses, c’est-à-dire ce qu’ils ont présupposé avant toute analyse : importance accordée aux conditions (naturelles, physiques ou géographiques), positivisme, déterminisme, primauté donnée à l’agriculture sur le négoce.