16 janvier 2023
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Gérard Lapacherie, « Préalables à la collecte : le Queyras », Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, ID : 10.4000/books.cths.16543
Les meubles et objets sculptés conservés dans les musées de Gap, Grenoble, Genève, au musée des Arts et Traditions populaires et, de 1920 à 1981, à Aiguilles sont innombrables. Ils ont été fabriqués dans le Queyras entre le xvie et la fin du xixe siècle. Sont connus les noms des collectionneurs, des enquêteurs, des brocanteurs, les villages d’où proviennent ces objets, parfois les noms de ceux qui les ont fabriqués. Des hypothèses (art populaire, traditionnel, rustique, alpin, queyrassin) ont été avancées. La connaissance est établie. Or, avant qu’ils n’entrent dans des collections, ces meubles et objets avaient une place et une fonction dans un univers réglé. Des familles ont aliéné, parfois à vil prix, des biens patrimoniaux : c’est ce phénomène de dépossession qui fait l’objet de cet article. À partir de 1850, une grave crise affecte le Queyras ; la vallée se vide de ses habitants ; l’immobilier perd toute valeur. Ce qui a rendu possibles les collectes, c’est la lente disparition d’une civilisation vieille de plusieurs siècles.