29 janvier 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Frédéric Saumade, « Le couple bœuf-cheval et les impérialismes américains, ou l’origine de la plus-value du capitalisme financier », Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, ID : 10.4000/books.cths.9762
La domestication des animaux et l’activité d’élevage telles qu’elles se sont manifestées dans l’Ancien Monde à partir de la révolution néolithique sont les fondements de l’économie capitaliste. Dans l’histoire de la conquête et de la colonisation du continent américain, le bœuf et le cheval ont joué un rôle politique et économique décisif. Sur ce plan, deux modèles d’élevage du bœuf se sont opposés : le modèle anglo-normand des colonies puritaines du Nord-Est d’élevage intensif fermier et le modèle ibérique extensif des colonies méso-américaines et sud-américaines. Le second modèle, aux frontières de la domestication, confère au vacher le prestige de la mise en jeu de sa propre vie dans l’espace sauvage, à l’exemple des chasseurs amérindiens qui se sont convertis à l’équitation. Contre le lieu commun évolutionniste, nous montrerons que ce complexe économique et symbolique dynamisé par la « culture du pauvre », largement repris par le folklore et le spectacle (cinéma, rodéo), est à la source de la plus-value d’un capitalisme financier qui subsume la valeur puritaine du travail productif.