28 novembre 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
David Beriss, « Crise, désastre, culture : les enjeux de la reconnaissance culturelle à Paris et à La Nouvelle-Orléans », CNRS Éditions, ID : 10.4000/books.editionscnrs.21281
Cet essai examine l’utilisation croissante de l’idée de la culture dans les discours populaires en France et aux États-Unis – où elle devient un marqueur identitaire prépondérant autant qu’un objet de marketing – et la possibilité de continuer à se servir de la culture comme concept analytique en sciences sociales. Je juxtapose ici deux terrains : à Paris, d’abord, où les militants antillais s’organisent autour de demandes de reconnaissance culturelle, au milieu d’un grand débat concernant l’assimilation des personnes « issues de l’immigration » ; à La Nouvelle-Orléans, après les ouragans et inondations de 2005, où la préservation de la culture constitue un enjeu majeur de la reconstruction. En France, les Antillais ont souvent recours à cette notion dans un contexte où intellectuels et dirigeants politiques s’inquiètent de la remise en question de l’unité de la culture nationale par divers facteurs, en particulier l’immigration. Pour les Antillais, revendiquer la culture est un moyen de se positionner par rapport à cette culture nationale tout en évitant un courant de déterminisme racial indissociable de la notion de culture en France. À La Nouvelle-Orléans, la culture est devenue, bien avant 2005, l’objet de polémiques, mais à la suite des ouragans, la remise en cause par certains dirigeants américains de la légitimité de l’existence même de la ville a exacerbé ces débats. En utilisant des symboles comme la cuisine, la musique et l’architecture, les militants de la culture se confrontent au discours américain dominant sur la ville, centré sur la race et la pauvreté de sa population. Dans les deux cas, l’auteur démontre comment une approche ethnographique de la culture nous permet de mieux comprendre des questions de classe et de race souvent sous-jacentes aux débats sur la culture.