28 novembre 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Elena Zapponi, « La Santería cubaine, une religion sans frontières : Évolution et institutionnalisation de la santería à Cuba », CNRS Éditions, ID : 10.4000/books.editionscnrs.22476
Cet article propose une réflexion sur la santería cubaine et sa diffusion au-delà des frontières nationales et ethniques. Il explore l’évolution récente de cette religion et en particulier la revendication d’une pure tradition yoruba qui serait détenue par les santeros et les babalaos cubains. Ce processus de réafricanisation, que l’on observe en général dans les cultes afro-américains, contribue à la définition contemporaine de la cubanité. La culture de la santería, au-delà de sa dimension religieuse, est promue par les institutions comme patrimoine national, paradigme de la vraie cubanité. Elle attire un nombre croissant de visiteurs européens et américains à Cuba tandis que la hiérarchie rituelle contribue au processus d’orthodoxisation et d’ecclésification d’une religion traditionnellement orale et fluide, échappant au processus de codification aujourd’hui introduit par une nouvelle écriture théologique. À l’intérieur de Cuba, cette forme de croire s’affirme à partir des années 1990 dans une relation particulière avec le laïcisme d’État et le catholicisme ; hors des frontières nationales, les recompositions sont tout aussi originales. Ce prétendu syncrétisme religieux apparaît comme un phénomène dont l’origine, la diffusion et la réinvention sont notamment liées à des logiques d’établissement de nouvelles frontières identitaires, concrètes ou imaginaires.