26 juin 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yannick Jaffré, « La description en actes. Que décrit-on, comment, pour qui ? », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.19816
La description est le cœur empirique de la démarche anthropologique : elle ne peut donc être rejetée sous prétexte qu’elle ne produirait que de la « vraisemblance » à défaut de vérité, pas plus que ce travail de compte rendu du réel ne peut être naïvement confondu avec une sorte de duplication de la « réalité ». Il faut s’attacher à comprendre comment les procédures d’analyse varient selon les objets décrits et, à défaut de règles strictes, quels « tours de mains » caractérisent la description anthropologique. L’activité de description est spécifique en ce qu’elle engage toujours un autre pour qui « on » décrit. Dès lors, le choix du mode descriptif révèle un agencement articulant les rapports du chercheur avec son terrain, ses compétences, et un lecteur que ce travail anticipe. Est-ce un hasard si la description par explicitation d’un sens des conduites semble souvent réservée à des populations « exotiques » alors que les repérages d’interactions récurrentes sont le plus souvent utilisés dans des situations où la distance est minimale entre le chercheur, celui qu’il décrit, et celui à qui il s’adresse ?