26 juin 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Sylvie Steinberg, « Sexe et genre au xviiie siècle. Quelques remarques sur l’hypothèse d’une « fabrique du sexe » », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.20467
Depuis la parution en 1990 du livre de Thomas Laqueur, Making sex (traduit en français sous le titre La fabrique du sexe, en 1992), un certain nombre de travaux, principalement anglo-saxons, se sont employés à approfondir sa thèse principale : l’idée qu’une rupture s’est produite entre le xviie et le xviiie siècle dans la conception médicale de la différence des sexes et, qu’à une conception unisexe de l’individu où hommes et femmes se trouvaient à la fois dans un rapport de hiérarchie au regard de la grande chaîne des êtres, et d’homologie au regard de leurs organes génitaux et des humeurs de leurs corps, les médecins ont substitué – avec des superpositions et des survivances parfois très durables –, une conception qui consacre l’invention de deux sexes biologiques, isolés de tout prolongement cosmologique et agissant dans un rapport de différence, voire d’incommensurabilité. Cette étude se propose de dresser un bilan des apports méthodologiques de l’ouvrage de Thomas Laqueur et de faire état des principales discussions qui ont prolongé ses travaux, qu’il s’agisse des débats sur le noyau même de sa démonstration (bien-fondé de l’hypothèse unisexe, datation de la rupture, utilisation de la dichotomie sexe/genre…) ou des discussions sur les effets induits de cette rupture dans la vie sociale, dans les relations familiales et sexuelles, ou dans le domaine politique pour les hommes et les femmes du xviiie siècle.