L’expérience entre histoire et mémoire

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26 juin 2020

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Gabrielle M. Spiegel, « L’expérience entre histoire et mémoire », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.21372


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L’objet de cet article est de décrire l’évolution de la théorie du linguistic turn et de montrer que cette évolution a ouvert la voie au regain d’intérêt porté, dans la recherche historique, à l’intervention et à l’expérience individuelle. Cette tendance aurait pour conséquence de doter l’historiographie actuelle de bases philosophiques de type néophénoménologiques. Cette hypothèse semble justifier sur les plans théorique et philosophique une prise en compte de la mémoire et des témoignages dans l’étude du passé. L’auteur se penche sur les implications méthodologiques, historiographiques et éthiques de cette montée du nombre d’études sur la mémoire dans la littérature historique actuelle. Introduire la mémoire en littérature historique suppose que le présent est hanté dans une certaine mesure par le passé. Cela entraine une conception de la temporalité historique qui tranche de manière importante avec la pensée des historiens modernistes, fondée sur la mort du passé. De plus, incorporer dans les comptes-rendus historiques la mémoire individuelle et les traumatismes subis implique l’acceptation de l’idée que les témoignages rapportés de mémoire, malgré la différence de statut par rapport aux faits historiques établis, sont susceptibles d’apporter une contribution valable à la recherche historiographique.

The article examines revisions to theories of « linguistic turn » historiography in order to show the ways in which those revisions have created a path for a return of the analysis of individual agency and experience in history, changes that, it is argued, constitute a form of neo-phenomenology as the governing philosophical orientation in historiography. To the extent that this is correct, it establishes a philosophical and theoretical basis for the integration of memory and memorial testimony into the study of the past. The article proceeds to investigate the methodological, historiographical and ethical implications of the rise of memory studies in contemporary historical writing. Memorial literature relies on a certain haunting of the present by the past. It thus deploys a conception of historical temporality significantly different from the modernist assumption of the death of the past as the basis of historical understanding. Moreover, to incorporate « memory » and trauma into historical representation will mean acknowledging and accepting as historiographically viable the differing status of analytically recuperated « facts » and memorial testimony.

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