15 juillet 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Barbara Carnevali, « Nostalgie pour l’authentique. Guy Debord et l’approche « pathologique » du spectacle », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.21526
Ce texte propose une relecture théorique et un bilan de la Société du spectacle (1967) de Guy Debord. L’auteur y aborde la question du spectacle au prisme d’un paradigme critique que j’appelle « romantisme social », et qui greffe la métaphysique rousseauiste de la transparence et de l’authenticité sur la critique marxienne du capitalisme. Cette synthèse incarne de façon exemplaire une approche « pathologique » du spectacle où la condamnation platonico-chrétienne ancestrale des masques et des représentations sociaux fusionne avec la défiance moderne vis-à-vis du marché, des médias et des phénomènes de consommation.Le paradigme debordien est reconstruit à partir de ses fondements théoriques (la philosophie marxiste de l’histoire mélangée à l’opposition métaphysique être-apparaître, le concept d’aliénation, celui de marchandise, la théorie du pouvoir) et sa persistance est retracée dans la pensée contemporaine de Giorgio Agamben. Dans les conclusions du texte, le paradigme pathologique du spectacle est confronté à un autre paradigme, que j’appelle « esthétique sociale ». Cette approche permettrait de compenser une de ses limites, à savoir son incapacité à penser correctement la logique spécifique des apparences sociales et leur ancrage « physiologique » dans l’expérience anthropologique intersubjective.