1 février 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Djallal G. Heuzé, « Les constructeurs de bateaux de Kanpur (Inde du Nord)? Savoirs de métier, culture du travail et statut », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.22141
L’article met en scène une petite communauté monocastée de charpentiers nisad de bateaux à Kanpur, sur le bord du Gange. Il explique d’abord comment les esquifs sont construits, en soulignant le caractère proto-industriel mais aussi, même si c’est contradictoire, plus ou moins bricolé de la production de Sirsaya Ghat. L’organisation du travail est d’abord structurée par les relations familiales, puis le voisinage, le recours à la main d’œuvre extérieure salariée étant exceptionnel et pratiqué à l’intérieur de la caste. La hiérarchie du travail est aussi définie par les hiérarchies familiales, d’âge et de sexe, bien qu’une reconnaissance du métier et du « coup de main » ait un poids certain sur la scène. Dans sa localité, le charpentier de bateaux est dans une situation de rivalité, aussi bien avec des hautes castes qu’avec des membres de basses castes. La culture du travail se combine aux récits hindous pour valoriser le « mistri nisad ». Elle débouche sur une « héroïsation » de la prestation laborieuse dont la valorisation est bien contradictoire avec des conditions de vie difficiles, marquées par l’autodestruction alcoolique. Ce sont fréquemment les femmes des charpentiers de bateaux qui, dans le cadre d’un labeur effacé, permettent de rendre le quotidien tenable.