9 septembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Pierre-Yves Trouillet, « Les lances de Muruga à Maurice. Trajectoires d’un hindouisme tamoul », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.22882
La majorité des Mauriciens d’origine tamoule vouent leur culte à des divinités du panthéon hindou mais affirment paradoxalement ne pas être hindous. À Maurice en effet, cette identité est laissée aux seuls hindous originaires du Nord de l’Inde et de langue bhojpurie, qui constituent aujourd’hui la première communauté indo-mauricienne et dominent le champ politique de l’île. De même, les rites et fêtes religieuses conduits par les Tamouls tels que la grande fête de Cavadee célébrée en l’honneur du dieu Muruga, ne sont plus considérés comme étant hindous mais seulement tamouls. Cette distinction entre tamoulité et hindouité à Maurice est le fruit du déni de l’appartenance hindoue par les Tamouls au profit de la mise en avant de leur spécificité ethnique et culturelle, qui s’inscrit dans leur résistance politique et symbolique vis-à-vis de la majorité bhojpurie. Pour autant, l’hindouisme tamoul est une réalité pratiquée et vécue qui existe de longue date dans l’île créole, et qui est aujourd’hui en plein renouveau. Cette contribution revient sur les dimensions historiques, politiques et rituelles de cette ethnicisation de l’hindouisme tamoul à Maurice, en soulignant à la fois le rôle de l’ethnicité tamoule-dravidienne importée du Sud de l’Inde et celui du contexte spécifiquement mauricien.