11 octobre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Paul Hulin, « L’Inde dans les premiers écrits de Kipling : orthodoxie et déviance », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.25038
Les débuts littéraires de Kipling coïncident avec son deuxième séjour en Inde, de 1884 à 1889. Les écrits de cette époque sont les seuls qu’il composa en Inde. Ils parurent presque tous dans deux journaux destinés au public anglo-indien. Dans ce groupe soudé par le souci de préserver le statu quo, on a érigé en croyance collective une image de l’Inde à usage local, négative et génératrice d’interdits : présupposant l’infériorité intrinsèque de l’indigène, elle vise à discréditer toute initiative préjudiciable au maintien du statu quo. Si Kipling endosse certains des stéréotypes collectifs, notamment dans les textes strictement journalistiques tributaires d’une politique rédactionnelle contraignante, le “mercenaire” a des sursauts d’indépendance, et conteste le discours officiel. Comme pour combattre le postulat de la discontinuité irrémédiable des cultures en présence, il crée et traite avec une indulgence audacieuse une famille de personnages inorthodoxes, tous britanniques, qui rejettent le stéréotype de l’Inde inconnaissable et “intouchable”, et accèdent à une connaissance enviable par delà la “Frontière”.