11 octobre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gérard Heuzé, « Pratiques religieuses, travail et travailleurs : portée et limites d’une singularité », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.25513
Les petites pratiques religieuses au quotidien, et des rituels plus élaborés comme les grandes pūjā hindoues, font partie de l’univers du travail indien ; ils concernent ceux qui y consacrent leur vie et se trouvent souvent mis en œuvre sur le lieu même de la production. Au cours de l’approche d’un domaine encore peu exploré, le texte tente de montrer que ce ne sont pas toutes les pratiques religieuses qui peuvent se faire un chemin vers l’usine et le bureau, et y demeurer longtemps, mais plutôt celles qui sont significatives pour les pratiques sociales qui s’y déroulent. Ce type d’affirmation du religieux ne paraît donc pas devoir être considéré comme une survivance du passé ou le résultat de l’influence de réalités extérieures. Sa mise en scène et sa diffusion (croissante) dans le cadre des entreprises, y compris les plus modernes et les plus grandes, procèdent au moins partiellement de sa capacité à exprimer des appréhensions, à « médier » des relations ou, moins souvent, à exposer des contradictions. La dimension religieuse, sans changer radicalement les rapports sociaux en présence, se distinguerait par sa capacité à créer un, ou des champs dans le cadre desquels les pratiques sociales liées au travail salarié seraient sujettes à des réinterprétations plus ou moins profondes.