Le Shaktisme au Bengale

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9 septembre 2022

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France Bhattacharya, « Le Shaktisme au Bengale », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.25628


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Deux sectes principales, sampradāya, regroupent l’ensemble des hindous du Bengale, hormis des lignées de brahmanes smārta : les vishnuites dits Gaudīya Vaiṣṇava, disciples du mystique Sri Krsna Caitanya (1486-1533), qui forment un véritable sampradāya, et les Śākta, adorateurs de la Déesse. Les castes supérieures, brahmanes et kāyastha, sont en majorité śākta. Les relations entre les sectes n’ont pas toujours été harmonieuses. Le shaktisme se présente sous deux aspects : l’un est social et exotérique, l’autre est personnel et s’accompagne d’une pratique religieuse tantrique sous la direction d’un guru. Le premier s’inspire largement du Devī-māhātmya, et l’objet du culte est principalement Durgā, la Śakti tueuse de démons qui est vénérée lors de rituels solennels pendant la pūjā d’automne. Le second s’appuie sur le Tantrasāra, compilation de divers Tantra, dans lequel dix déesses, appelées Mahāvidyā, trouvent une place, mais où triomphe la première d’entre elles, Kālī, considérée comme la divinité suprême, l’Absolu indifférencié. Entre ces deux pôles de la vie religieuse, un pont est jeté par le pèlerinage au temple de Kālīghāṭ, et par les chants inspirés des mystiques śākta, particulièrement Rāmprasād. Les concepts, les représentations et l’iconographie śākta ont fait l’objet d’une réappropriation au xixe par des membres de l’élite intellectuelle. Les militants nationalistes extrémistes qui protestaient contre la Partition du Bengale en 1905 ont à leur suite associé dans un même culte la Déesse et la Mère-Patrie. Ils étaient prêts à donner leur vie en sacrifice pour chasser les Anglais de l’Inde. Loin de ces cas extrêmes, et loin aussi des querelles sectaires, un non-dualisme englobant rapproche les deux divinités de salut, également aimées : Kṛṣṇa et Kālī.

The Hindus of Bengal belong mainly to two sects, sampradāya, besides a few families of smārta brahmana: the Gauḍīya Vaiṣṇava, disciples of the mystic Srī Kṛṣṇa Caitanya (1486-1533), constituting a real sampradāya, and the Sākta who worship the Goddess. The higher castes, Brahmins and Kāyastha, are in majority Śākta, and harmony has not always been prevailing in the two communities’ relationships. Śāktism has two faces: a social and exoterical one, and a personal one linked to a religious practice based on the Tantras. The Devī Māhātmya inspires the first one; in this case, the object of devotion is Durgā, the Śākti who kills the demon Mahiṣa. Her main celebration takes place in autumn with a solemn ritual. The exoteric aspect takes inspiration from the Tantrasāra, a Tantric compilation in which each of the ten Mahāvidyā find a place but where Kālī is considered to be the supreme Deity. Both faces of Sākta religious life are merged into the great Kalighat temple at Calcutta and the songs of the Sākta mystics, particularly those of Rāmprasād. In the nineteenth century, members of the intellectual elite have infused a new life and meaning into the concepts, mental representations and iconography of Sāktism. Taking inspiration from them, militant nationalists, after the first Bengal Partition in 1905, identified The Goddess with The Motherland. They were ready, in order to free their country of the English yoke, to offer their lives in sacrifice at her altar. An all-encompassing non-dualism, leaving aside such extreme position as well as the earlier sectarianism, brings the two black deities together, Kṛṣṇa and Kālī, the most beloved representations of the Absolute.

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