9 septembre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
André Padoux, « L’oral et l’écrit mantra et mantraśāstra », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.25738
Fondamentalement oraux par leur nature, qui est celle de la vāc, la Parole originelle, divine, qui, depuis le Veda, ne doit pas être écrite ni lue, les mantras sont cependant, dans certains cas, légitimement utilisés selon des procédures où l’écrit intervient – comme il le fait dans certaines spéculations sur la parole créatrice. Il se pose donc à leur propos un problème de rapport de l’oral à l’écrit, lequel existe d’ailleurs plus généralement s’agissant de la Révélation. Tout l’enseignement et la théorie des mantras – le mantraśāstra –, d’autre part, est écrit. Les mantras, comme la Révélation (et le mantraśāstra), en outre, sont en sanskrit, la « langue des dieux », que gardent les brahmanes. Le monde des mantras, comme celui de la Révélation, védique ou non, est donc non seulement oral et sacré, mais lettré et réservé : tous n’y ont pas accès, du moins en principe, mais tous cependant s’y réfèrent : comment ? L’oral, certes, peut se « dégrader » en écrit en se rendant par là plus généralement accessible, mais là encore la prééminence de l’oral révélé demeure.