16 mars 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Eva Szily, « Typologie des gestes dans la Hastalakṣaṇadīpikā. », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.26122
La Hastalakṣaṇadīpikā fut d’abord rédigée pour le Kūṭiyāṭṭam, théâtre sanskrit du Kerala, préservé jusqu’à nos jours, et dont les origines remonteraient au début de notre ère. Bien que relativement bref (120 śloka), ce traité sanskrit a construit une typologie spécifique capable d’offrir au praticien un très large éventail de gestes. En effet, à partir des 24 mudrā de base, la Hastalakṣaṇadīpikā donne la liste de leurs applications à deux mains (saṃyuta-hasta) et à une main (asaṃyuta-hasta), dans le même temps qu’elle crée des catégories nouvelles : celle des samāna-mudrā, « gestes identiques » (un seul geste – à une main ou à deux mains – peut avoir des sens différents selon le contexte), et celle des miśra-mudrā, « gestes mixtes » (chacune des mains montre un geste de base différent). Ainsi se constitue une gestuelle qui peut tout signifier, des éléments de la grammaire sanskrite (temps, mode, genre, nombre, etc.) au statut et au nom des personnages. Cette richesse des gestes, intensifiée des différents bhāva, les sentiments exprimés par l’acteur, a pour fonction d’éveiller chez le spectateur ce rasa ou émotion esthétique qui est le but ultime du théâtre.