29 juin 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Aurélie Rivière-Adonon, « Les « Grands Yeux » : une mise en scène visuelle », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.2615
Entre 540 et 490 avant J.-C., deux « Grands Yeux » autour d’un nez, un personnage ou un objet apparaissent sur 2225 vases attiques. Leur sens a fait l’objet de nombreuses hypothèses : la prophylaxie, le « vase-masque », le « vase-visage » ou miroir, jusqu’à ce que leur diversité finisse par leur attribuer une fonction purement ornementale. Cependant, en partant des valeurs de l’œil en Grèce ancienne, de son caractère actif et des multiples formes de vases à yeux (kyathoi, skyphoi, mastoïdes, amphores, cratères, hydries, oenochoés et lécythes), le motif apparaît comme un véritable opérateur, capable de structurer l’espace du vase et de produire un effet particulier. Il introduit, valorise, dissimule ou révèle, ce que confirme la psychologie de la perception montrant que les artisans du Céramique en maîtrisaient de nombreux mécanismes. Principalement peints sur des vases « sympotiques », les yeux, avec les satyres, Dionysos et Gorgô, accompagneraient le buveur dans son cheminement vers l’ivresse, vers l’Autre, par l’expérimentation d’une émotion.