16 mars 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yasushi Uchiyamada, « Projecting textual identities on the forest of Kuṟavas in Kerala », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.26452
Dans cet article, je montre comment les Kuṟavar cultivateurs semi-tribaux des plaines du Travancore central se sont vus doublement dépossédés pendant les dernières décennies du xxe siècle. Les Kuṟavar habitaient des terres forestières et vivaient de la culture des tubercules. Bien qu’esclaves sous le joug des propriétaires fonciers anglais, ils étaient relativement automnes en comparaison des Pulaya et des Paraya. L’empiétement sur les terres des Kuṟavar s’est intensifié avec les réformes foncières à la fin des années soixante. L’appropriation successive de leurs sanctuaires ancestraux par les hindous de caste ainsi que l’empiétement sur leurs terres ont coïncidé avec les réformes foncières et avec le boom économique du Golfe. Les Nāyar et les Īḷavas ont détourné à leurs fins les sanctuaires ancestraux des Kuṟavar et leur ont associé des images védiques pour transformer leurs pratiques sacrées en une entité connue et maîtrisable. Hindouisation et empiétement sont ici reliés. Mais comment les Kuṟavar ont-ils maintenu le caractère autonome de leur terre jusqu’à une période aussi récente que la fin des années soixante ? J’introduis un exemple montrant que la régénération des arbres dans les plaines est métonymique de la reproduction naturelle dans les montagnes. Et ainsi, les Kuṟavar se trouvent de plus en plus doublement dépossédés de leurs terres dans les montagnes comme dans les plaines.