1 février 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Catherine Servan-Schreiber, « Musiques dévotionnelles hindoues dans l’espace public à l’île Maurice », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.27053
Dans le renouveau d’un hindouisme militant à l’île Maurice, l’investissement des espaces publics par une récente floraison de petits autels ou de grandes sculptures, tout comme la construction ou la rénovation des temples, se font dans une atmosphère de surenchère entre dévots bhojpuris et tamouls. Au plan musical, cette conquête de l’espace public se double de l’essor d’une musique religieuse incluant la mise à l’honneur de nouveaux répertoires (cf. les chants tamouls pour la fête de Tirunanasambandan), une recrudescence des concours de chants religieux, et surtout, la commercialisation d’une musique dévotionnelle « made in Mauritius ». Il s’agit de s’affranchir des répertoires de bhajan et de kirtan importés de l’Inde, pour établir des programmes musicaux autonomes, que l’on diffusera surtout dans les longs moments de préparation précédant le culte, à l’extérieur du temple. À Goodlands, fief bhojpuri, s’ouvriront des commerces de musique dévotionnelle en hindi, avadhi et bhojpuri, tandis qu’à Rose-Hill, la musique dévotionnelle tamoule sera accessible dans les boutiques qui entourent le marché. On s’interrogera sur l’influence de pratiques musicales dévotionnelles n’ayant cessé d’évoluer depuis les recommandations de l’Arya Samaj lors de l’arrivée de ses premiers missionnaires en 1910.