30 janvier 2013
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Lutz Bieg, « Literary translations of the classical lyric and drama of China in the first half of the 20th century », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, ID : 10.4000/books.editionsmsh.1479
V. Hundhausen, juriste de formation, passa les trente dernières années de sa vie en Chine (1923-1954). Conseillé et aidé par des amis chinois qualifiés, il devint un étonnant traducteur du chinois ancien, bien qu’il n’en ait eu qu’une faible maîtrise. Il traduisit plus de 120 textes littéraires.Sa traduction de la célèbre pièce Xixiang ji (L’histoire du Pavillon d’Occident) ayant été portée aux nues dans les pages littéraires des journaux, un sinologue de Bonn, Erich Schmitt, en publia un compte rendu vengeur. Il accusait V.H. d’avoir plagié la traduction en français de Stanislas Julien (1872-1880), ce qui aurait confirmé son ignorance de la langue chinoise. V. Hundhausen attaqua le sinologue en justice et celui-ci fut condamné à une amende. L’audace de ce « traducteur qui ne savait pas le chinois » venait de sa conviction d’être investi de la mission de faire connaître sous une forme poétique sa vision d’une Chine idéalisée. Son œuvre rencontra un succès considérable.Il joua un rôle décisif dans l’introduction du théâtre chinois en Europe. Depuis la traduction de Prémare, publiée par du Halde (1735) et adaptée par Voltaire (L’orphelin de la Chine), les Européens s’étaient peu intéressés au théâtre chinois – peut-être sous l’influence des préjugés confucéens. En Allemagne, V.H. en fut le véritable pionnier.Le succès de ces textes, qui présentaient dans un allemand parfait non seulement « les vrais sentiments chinois » mais aussi une Chine utopique, est quelque peu déconcertant compte tenu du contraste avec ce qu’on savait à cette époque sur la situation chaotique de la Chine réelle.