27 juillet 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Grégoire Ayala et al., « Chapitre 3. Une maîtrise croissante de l’espace fluvial », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, ID : 10.4000/books.editionsmsh.20227
Les niveaux archéologiques datés du xie s. recèlent les premières traces de la création d’un faubourg au sud du centre historique de Lyon. Un grand édifice, dont la fonction reste inconnue, témoigne de la réappropriation de l’espace par la ville qui va progressivement englober ce noyau primitif. Une robuste pirogue monoxyle évoque une activité riveraine déjà orientée vers la pêche. Entre le xiie et le xiiie s., un mur de bord de Saône, qui conserve dans les sables de son lit un frêle esquif en excellent état de conservation, rompt l’isolement du premier bâtiment. Bientôt contrebuté en raison d’un manque de stabilité de la berge exposée à une forte hydrologie, ce mur soutient les premières constructions d’habitations privées « pieds dans l’eau » à partir de la deuxième moitié du xiiie s. Elles se concentrent de part et d’autre d’un terrain laissé libre au sein de cet ensemble urbain, qui constitue dès lors un mouillage pérenne : le port Sablet. La confrontation des documents d’archives et des observations de terrain permet de suivre la mise en place du parcellaire, qui s’amplifie à partir du module installé aux xie-xiie s. Sept bateaux à vivier datés du xive s. témoignent d’une économie de subsistance liée à la rivière. Au milieu du xviie s., une intervention architecturale d’envergure remodèle le bord de Saône. De puissants escaliers donnent dorénavant accès à l’esplanade du port Sablet. À l’intérieur des maisons, des travaux sont entrepris pour assainir le cadre de vie. Un bateau piégé dans les sables de la Saône au milieu du xviiie s. est un apport capital pour percevoir le savoir faire des constructeurs de navigation intérieure qui le plus souvent tenait de la tradition orale. La restructuration du quartier à l’époque contemporaine passe par la construction du quai Fulchiron, qui engage la fermeture du port fluvial et la destruction des maisons qui bordent la rivière. À leur emplacement est créée la place Benoît-Crépu.