27 septembre 2021
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Claudine Vidal, « Les micropolitiques du génocide des voisins au Rwanda », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, ID : 10.4000/books.editionsmsh.30383
Les historiographies du génocide des Tutsis ont privilégié pour certaines des points de vue éloignés recherchant des explications de la haine dans une histoire longue ou mettant au centre de l’analyse les croyances, les sentiments et les représentations culturelles des acteurs. D’autres ont pris le parti de micro-analyses portant sur les modalités locales des massacres. Il s’agit de savoir comment les autorités politiques et administratives sont parvenues à entraîner dans les massacres de nombreux individus issus de fractions sociales populaires. Les enquêtes menées par Lee Ann Fujii sur le terrain en 2004 ont prouvé la valeur heuristique de cette démarche processuelle. En effet, ces enquêtes ont démontré comment, dans les communautés rurales, l’entremêlement des liens avec le pouvoir, des liens de parenté, d’amitié, de voisinage a influencé les conduites des habitants et permis de comprendre pourquoi et comment certains d’entre eux ont participé aux tueries, tandis que d’autres ne l’ont pas fait. L’anthropologue a également étudié la graduation des violences successives perpétrées par les groupes de tueurs, chaque nouvel acte de violence ouvrant la voie à d’autres actes de violence, jusqu’aux actes de torture.