6 octobre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yves Rigoir et al., « Chapitre 2. Les Céramiques », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, ID : 10.4000/books.editionsmsh.39945
La masse de tessons (85 802) a permis une approche globale et synthétique du matériel. Tri des catégories, comptages par tessons et vases vrais, représentations graphiques sont à la base de cette étude. Les 17 catégories identifiées réunissent des céramiques régionales, importées d’Italie, d’Afrique et de Méditerranée orientale, ainsi que du matériel résiduel protohistorique. Sur l’ensemble, dont les trois quarts proviennent des deux dernières phases, les amphores dominent (50 %), suivies par les céramiques communes régionales (15,7 %), la DS.P. (4,6 %), la claire D (3,4 %) et la céramique commune importée (2 %). La claire B et la luisante sont à l’état de traces. Les sigillées claires africaines sont nombreuses. Cette constatation est amplifiée par le comptage en vases vrais où, sur les 1403 formes reconnues pour 22 210 tessons, on obtient ; 449 vases de SCD, 401 CCG, 376 DS.P., 165 communes importées (indice de fragmentation différent suivant les catégories : 100 tessons représentent 15 formes de SCD, 13 de DS.P. et seulement 3 de CCG).Les sigillées claires et les lampes proviennent pour la plupart des ateliers tunisiens et en minorité de Méditerranée orientale (sigillée phocéenne tardive, Hayes 3). Toutes les formes tardives du répertoire sont présentes ici, à l’inverse des fouilles anciennes qui avaient révélé une occupation au début du ve s. (Hayes 99, 91B, 98, 80‑81B, 107, 87AB, 89 variantes, 73 et 84). Les formes H 101, 105,107, 109, 91D témoignent d’une occupation postérieure au vie s. Les plats sont peu décorés et les symboles chrétiens abondants, le plus souvent estampés, mais aussi lustrés en particulier sur la forme H 87. Les lampes se rattachent au groupe Hayes II B, à facture empâtée et décor appauvri.Cette catégorie de céramiques, majoritaires en cuisson oxydante, se distingue par une typologie bien différente des productions languedociennes, cuites selon le même mode. Les importations africaines (mortiers, cruches, marmites) perdurent dans les niveaux tardifs (34 % des formes de communes importées). La vaisselle culinaire orientale est présente en quantité non négligeable (12 %). La nouveauté réside dans la mise en évidence de courants d’échanges avec la côte ligure et l’Italie du Sud, qui n’avaient été révélés par aucune autre catégorie de vaisselle fine ou d’amphore.L’étude préliminaire des amphores a mis en évidence une part importante de mobilier résiduel. Les exemplaires des formes Dressel 23, Almagro 51A‑B‑C sont plus fréquents dans les trois premières phases. Les amphores orientales ne dominent que dans les couches de la phase II, mais la situation s’inverse par la suite à la faveur des productions africaines (Keay VIII b, Spatheia, Keay LVA, LVIB, LXII, LXIA). Des exemplaires des formes Riley LRA, 1, 2, 3, 4 et 6 représentent les amphores orientales.La sigillée tardive régionale (DS.P.) cuite en Provence en réduction est bien attestée. Parmi les 69 formes recensées dans la production provençale, 23 ont été reconnues. Les formes 18a et 29b sont les plus nombreuses. Le tiers des pièces est décoré au poinçon et parguillochis. Les motifs estampés appartiennent en général au répertoire dit « marseillais », à une exception près peut‑être languedocienne. Un chrisme et une croix pattée s’ajoutent aux représentations chrétiennes déjà connues sur la sigillée claire D et les verres. On note une quasi‑absence des autres productions fines gauloises. La céramique commune grise a été utilisée dans des proportions comparables aux autres catégories. La nature des pâtes et les formes se complètent et se concurrencent à la fois. Les formes A (ollae) aux profils de lèvres variés représentent plus de la moitié des objets. Les formes B (coupes‑coupelles), plus répandues que les A au ve s., deviennent ensuite minoritaires (25 %). Mortiers, couvercles, cruches, gobelets, Jarres sont plus concentrés dans la phase VIII. L’étude des formes montre d’une part une évolution certaine des types en usage au cours du vie s. et d’autre part une diversité des origines qui place Saint‑Blaise à la limite des centres producteurs de la région marseillaise, de la vallée du Rhône et de ceux du Languedoc. La diffusion des céramiques communes brunes à pisolithes, caractéristiques du Languedoc, est attestée par un petit nombre d’ollae et de coupelles cuites en atmosphère oxydante. Elle témoigne d’échanges continus entre le Languedoc et le bas Rhône.Ces fouilles complètent et nuancent les travaux réalisés par H. Rolland, auteur du premier classement des céramiques de cette période (1951). La densité et la diversité des approvisionnements sont les caractéristiques majeures du site. Parmi ces courants commerciaux, le plus lointain se fait depuis la Méditerranée orientale. C’est de la côte africaine qu’arrivent massivement les sigillées claires, des céramiques communes et la majorité des amphores. Un commerce par cabotage semble bien attesté par la présence de vaisselle culinaire de Ligurie.