La fabrique des données brutes

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4 août 2017

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Jérôme Denis et al., « La fabrique des données brutes », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, ID : 10.4000/books.editionsmsh.9050


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Depuis quelques années, les initiatives d’open data se sont multipliées à travers le monde. Présentées jusque dans la presse grand public comme une ressource inexploitée, le « pétrole » sur lequel le monde serait assis, les données publiques sont devenues objet de toutes les attentions et leur ouverture porteuse de toutes les promesses, à la fois terreau d’un renouveau démocratique et moteur d’une innovation distribuée. Comme dans les sciences, qui ont connu un mouvement de focalisation similaire sur les données et leur partage, l’injonction à l’ouverture opère une certaine mise en invisibilité. Le vocabulaire de la « libération », de la « transparence » et plus encore celui de la « donnée brute » efface toute trace des conditions de production des données, des contextes de leurs usages initiaux et pose leur universalité comme une évidence. Ce chapitre explore les coulisses de l’open data afin de retrouver les traces de cette production et d’en comprendre les spécificités. À partir d’une série d’entretiens ethnographiques dans diverses institutions, il décrit la fabrique des données brutes, dont l’ouverture ne se résume jamais à une mise à disponibilité immédiate, évidente et universelle. Il montre que trois aspects sont particulièrement sensibles dans le processus d’ouverture : l’identification, l'extraction et la « brutification » des données. Ces trois séries d’opérations donnent à voir l’épaisseur sociotechnique des données brutes dont la production mêle dimensions organisationnelles, politiques et techniques.

Open data initiatives have been flourishing around the world. Staged as an unexploited resource—a new “oil“—government data rapidly became the object of all kinds of promises, from the renewal of democracy to the stimulation of innovation. Yet, as in the sciences, in which data sharing has been a driving force of transformation for long, the plea of opening data in administrations goes with a certain process of invisibilization. Indeed, such terms as “transparency,“ “free information” and above all “raw data” erase most of the traces of the conditions in which data is produced, and of its initial uses. They also take the universality of data for granted. This chapter explores the backstage of government open data, and foregrounds the processes of its production and questions its specificities. Drawing on a series of in-depth interviews in several institutions, it shows that the data are never simply and mechanically opened. Instead, it describes how raw data themselves are actually shaped. Three particularly delicate aspects of this opening process are discussed: data identification, data extraction, and data “rawification.” These operations show the sociotechnical density of raw data, the production of which ties together organizational, political and technical issues.

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