Revisiting Matrilineal Priority

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25 janvier 2022

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Chris Knight, « Revisiting Matrilineal Priority », Éditions Rue d’Ulm, ID : 10.4000/books.editionsulm.9160


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Au siècle dernier, jusque dans les années 1920, la plupart des anthropologues se rangeaient à l’idée que l’évolution de l’humanité était passée par des « stades » et qu’un stade matrilinéaire avait précédé un stade patrilinéaire. Après une période de critique radicale, la situation a changé aujourd’hui et ce qui apparaissait comme un résultat incontesté de l’anthropologie du xxe siècle doit être précisé, en particulier en ce qui concerne la question des rapports entre avunculat (c’est-à-dire la relation particulière existant entre un homme et le fils de sa sœur et qui peut porter sur des droits de résidence, de partage des repas ou autre) et matrilinéarité (filiation par les mères). Au xixe siècle, l’antériorité matrilinéaire était fondée sur deux hypothèses ethnographiques: (i) aucune société connue n’était passée d’un système patrilinéaire à un système matrilinéaire; (ii) il était possible d’interpréter le cas de l’avunculat, cas particulier à certaines sociétés seulement, comme une trace de priorité matrilinéaire dans des systèmes devenus patrilinéaires. La première hypothèse fit l’objet d’une critique vigoureuse de la part de Franz Boas: celui-ci avait découvert une société (les Kwakiutl) en train de passer d’un système patrilinéaire à un système matrilinéaire sous l’influence de voisins organisés matrilinéairement. Le schéma évolutionniste standard était donc inopérant. En fait, le cas étudié ne permettait sûrement pas de tirer des conclusions de cette ampleur mais Boas voulait surtout remettre complètement en question l’aspect déterministe et unidirectionnel du cadre évolutionniste hérité du XIXe siècle. Le résultat fut surtout que, parmi les anthropologues américains, la génération suivante essaya d’établir une direction en sens inverse, allant du patrilinéaire au matrilinéaire. Ce n’est qu’à partir du moment où l’idée de diffusion de la culture eut droit de cité en anthropologie que les aspects unidirectionnels du cadre évolutionniste furent progressivement abandonnés. La deuxième hypothèse, portant sur l’avunculat, fut critiquée par Radcliff-Brown: sa définition de l’avunculat lui permettait de se passer des « stades » propres au cadre évolutionniste. Pour lui, le point important pour déterminer la filiation consistait à pouvoir déterminer à qui l’enfant d’une femme appartenait: s’il appartenait au groupe de sa mère, la filiation était matrilinéaire, s’il appartenait au groupe de son père, elle était patrilinéaire. Dans le cas d’une filiation patrilinéaire – et en faisant l’hypothèse que le lien mère-enfant est le seul qui soit naturellement donné –, le mariage sépare la mère de son groupe de filiation d’origine, et en particulier de son frère, tandis que cet effet ne se produit pas dans le cas d’une filiation matrilinéaire, le frère et la sœur devenue mère restant dans le même groupe de filiation. Ainsi la façon dont le lien du mariage est considéré rend-elle compte de la pratique de l’avunculat sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir des hypothèses de nature évolutionniste: si le lien mari-épouse est prépondérant dans une société, il se fait au détriment du lien frère sœur et vice versa. Mais si le lien mari-épouse s’explique par la nécessité de l’alliance, le lien frère-sœur, lui, n’est pas rapporté par Radcliff-Brown à la matrilinéarité et reste, tel quel, totalement inexpliqué. L’exemple des sociétés africaines permet de supposer que les sociétés où se pratique l’avunculat, prioritairement patrilinéaires pour ce qui est de la filiation, doivent cependant demeurer minoritairement structurées selon un principe matrilinéaire, puisque persistent en elles des groupes au sein desquels se côtoient des hommes, leurs sœurs et leurs enfants sur lesquels les pères n’ont de droits que s’ils les achètent auprès du groupe de leur femme (dans le cas de la société bantoue par exemple). Ce rachat peut être interprété comme l’étape finale d’un processus par lequel s’opère la séparation des femmes et de leurs enfants qui, sinon, resteraient dans le groupe de leur mère. En Afrique, c’est le rachat sous forme de têtes de bétail qui fait la différence entre les systèmes de filiation: dans le cas où il n’y a pas de bétail, on a une société matrilinéaire-matrilocale ; à partir du moment où le bétail apparaît et sert à la compensation matrimoniale (départ de l’épouse vers la résidence du mari), on a un système matrilinéaire-patrilocal; quand la compensation devient plus importante, on trouve des systèmes patrilinéaires-patrilocaux dans lesquels le divorce n’existe pas (Harold Schneider). Reste à comprendre les raisons du maintien de liens matrilinéaires dans des sociétés patrilinéaires. Le lien frère-sœur n’est pas seulement une survivance parce que la grande licence de conduite du neveu à l’égard de son oncle – sans que ce dernier puisse faire preuve d’autorité à son égard – n’existe que dans le cadre patrilinéaire, alors que l’autorité de l’oncle sur son neveu est beaucoup plus présente dans le cadre strictement matrilinéaire. L’absence d’autorité de l’oncle sur son neveu est donc bien plutôt la marque de la transition d’un système matrilinéaire vers un système patrilinéaire. Encore faut-il admettre de relier la nature de l’avunculat à la filiation matrilinéaire, ce que la majorité des anthropologues (y compris les plus fameux comme Evans Pritchard, Lévi-Strauss, Leach ou, dans une moindre mesure, Goody), suivant en cela Radcliff-Brown, se refusent à faire, prenant la relation frère-sœur comme un simple axiome.

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