11 novembre 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Maximilien Girard, « Traces de sinistrés de l’Empire ottoman, de la Grande Guerre à la Catastrophe de Smyrne, conservées aux Archives nationales », École française d’Athènes, ID : 10.4000/books.efa.13522
Parmi les nombreux fonds d’institutions créées à l’issue de la Grande Guerre pour faire appliquer les traités de paix, les Archives nationales conservent au sein de leur sous-série AJ 28 quelque 145 dossiers relatifs à des dommages de guerre subis à Constantinople et en Asie Mineure par des congrégations, des sociétés, des citoyens ou des protégés français vivant dans l’Empire ottoman. Les pièces justificatives fournies par les particuliers sinistrés sont les seules traces subsistantes de milliers de demandes similaires portées, à la suite du traité de Lausanne, devant la « Commission spéciale d’évaluation des dommages de guerre subis en Turquie ». Elles permettent d’esquisser le profil socio-économique de ces habitants d’un Empire disparu et offrent un éclairage français sur les exactions ottomanes commises entre 1914 et 1918 mais aussi sur la destruction de Smyrne en 1922. Au détour des listes de biens perdus, on découvre en effet les pillages et les destructions qui accompagnèrent la reconquête turque de l’Ionie sur les Grecs et le grand incendie de sa capitale cosmopolite, par l’armée de Mustafa Kemal, prélude au déracinement brutal de l’hellénisme d’Asie Mineure.