15 juillet 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Pierre Gonneau, « Le concile de Florence comme prélude à la symphonie russe », Publications de l’École française de Rome, ID : 10.4000/books.efr.11888
Alors que la délégation russe, présidée par le métropolite Isidore, a souscrit à l’Union de Florence (5 juillet 1439), cette décision est rejetée à son retour en Russie (automne 1440). Isidore abandonne sa métropole à l’automne 1441 et, au terme de sept ans de « veuvage », elle devient de fait autocéphale quand un synode épiscopal réduit élit l’évêque de Rjazan’ Jonas métropolite (décembre 1448). Cet épisode-clé est relaté de manière différente dans les sources narratives russes de la deuxième moitié du XVe siècle et du début du XVIe siècle qui, peu à peu, dégagent une version officielle de l’événement qui prend des libertés avec le déroulement réel des faits. L’élection de Jonas est justifiée rétroactivement par le fait qu’il aurait dû prendre la tête de l’Église russe dès 1432, suite au décès du métropolite grec Photios (2 juillet 1431). Les versions tardives complètent le récit des événements par l’insertion de documents diplomatiques (encycliques, lettres du grand-prince de Moscou Vasilij II au patriarche de Constantinople ou à l’empereur byzantin), dont certains sont authentiques et d’autres ont été fabriqués pour la circonstance. Ces textes donnent déjà au souverain moscovite une dimension impériale et un rôle de défenseur de l’orthodoxie.