19 septembre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Susanne Rau, « Raconter et organiser l’espace et le temps : l’atlas historico-géographique de Karl von Spruner (Gotha, XIXe siècle) », Publications de l’École française de Rome, ID : 10.4000/books.efr.27340
L’article se consacre à l’analyse des atlas historiques du XIXe siècle, notamment à un produit de la maison Perthes à Gotha : le Historisch-Geographischer Handatlas de Karl von Spruner (1803-1892), comprenant l’histoire des continents depuis l’Antiquité, est sorti en trois volumes entre 1837 et 1852 et a ensuite connu plusieurs rééditions et traductions. L’histoire qu’il raconte est celle de l’Antiquité depuis Homère (vol 1 : 27 planches), des États d’Europe depuis le haut Moyen Âge (vol 2 : 73 planches) et de l’histoire des autres continents (Asie, Afrique, les Amériques, Australie – vol 3 : 18 planches). Encore à la fin du XIXe siècle, l’atlas historique de Spruner était très apprécié des historiens, géographes et enseignants. Après une présentation générale, deux questions sont au centre de l’enquête : d’une part, la périodisation (désignation et découpage des époques) et la « hiérarchisation » de l’information spatiale (continents, régions etc.), c’est-à-dire l’ordonnancement des éléments dans les recueils ; la vision de l’histoire de Spruner, sa manière de travailler et ses exigences « scientifiques » (travail à partir des sources historiques, demande d’expertises) de l’autre. L’atlas historique est en plus le lieu qui s’impose pour analyser la représentation du temps et des temporalités sur les cartes, qui sont par définition d’abord un médium pour représenter des relations spatiales. L’analyse qui suit profite d’un fonds encore peu exploré : la collection Perthes (archives et bibliothèque d’une maison d’édition qui passe pour un des « leaders » de l’édition cartographique de l’époque) qui est consultable depuis peu de temps à la bibliothèque de recherche de Gotha rattachée à l’Université d’Erfurt où nous avons trouvé 2,5 mètres linéaires de correspondance entre la maison et l’auteur de l’atlas, des esquisses des cartes, des demandes de corrections et des comptes rendus. Ce fonds d'archives permet de reconstruire le processus complet de fabrication d'un atlas au XIXe siècle. Ce processus de fabrication donne aussi des perspectives intéressantes à la hiérarchisation des territoires, la question des frontières et l’idée politique du cartographe qui ne cesse de réclamer la scientificité de son entreprise.