24 mai 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Anne Piéjus, « Entre hagiographie et prière », Publications de l’École française de Rome, ID : 10.4000/books.efr.35162
La peinture de dévotion fait écho, autour de 1600, au nouvel intérêt pour le culte des premiers saints, et témoigne de l’influence des Annales de Baronio et des travaux de Gallonio. Alors que les oratoriens s’étaient entourés de représentations picturales des martyrs, leurs laudes polyphoniques, qui jouxtaient, dans les exercices spirituels, des homélies dédiées à l’Église primitive, honorent peu les saints primitifs, et privilégient la forme traditionnelle d’une prière, plutôt qu’une narration inspirée des Vies. La représentation poétique et musicale des saints est même en net déclin dans la laude, et très minoritaire dans les autres répertoires spirituels vernaculaires. Les vertus des martyrs sont pourtant omniprésentes. En réduisant la sainteté à un paradigme et à un modèle imitable, les poètes ont réinvesti le message des martyrs dans des laudes dépourvues de toute caractérisation, qui illustrent le thème de la conversion et l’allégorie du salut. Les dédicaces montrent cependant que cette laude peu didactique visait moins l’enseignement ou l’édification que le diletto spirituale.