15 avril 2020
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Jean-Michel Matz, « Les orientations religieuses d’un officier angevin : Bertrand de Beauvau († 1474) », Publications de l’École française de Rome, ID : 10.4000/books.efr.7354
La famille de Beauvau apparaît dans l’entourage des princes angevins au cours des dernières décennies du XIVe siècle. Jean de Beauvau fut capitaine de Tarente à partir de 1382, charge dans laquelle son cousin Macé lui succéda après sa mort à Naples en juillet 1391. Deux fils de Jean se retrouvent ensuite en charge de services administratifs, militaires ou financiers. Pierre de Beauvau (v. 1380-v. 1435), chambellan et exécuteur testamentaire de Louis II, président du conseil de la reine Yolande pendant la minorité de Louis III, est nommé lieutenant général, vice-roi et gouverneur de Provence en 1429, et assiste à la mort du roi de Sicile en Calabre, en novembre 1434. Son frère Bertrand (v. 1382-1474), qui lui a survécu près de quatre décennies, a été quant à lui un des principaux serviteurs du roi René en tant que, notamment, capitaine du château d’Angers. À la fin de sa vie, déjà veuf par trois fois, il épousa en quatrièmes noces la fille naturelle de René, Blanche d’Anjou. Il avait entre-temps entamé une carrière au service du roi de France comme bailli de Touraine puis comme premier président laïque de la Chambre des comptes de Paris. Bertrand de Beauvau a entrepris la construction de deux châteaux : Ternay, dans le pays loudunais, et Pimpéan, à une trentaine de kilomètres d’Angers. Dans les deux cas, il a doté ces résidences d’une somptueuse chapelle ; celle de Pimpéan, dédiée à François d’Assise et à Catherine d’Alexandrie, porte encore d’admirables fresques représentant des scènes de la vie de la Vierge, des épisodes de la Passion et de nombreux saints – notamment franciscains, parmi lesquels saint Louis d’Anjou. Alors que la branche aînée des Beauvau avait tissé des liens étroits avec les Franciscains d’Angers pendant que celle des Beauvau du Rivau se montra généreuse envers les Dominicains de la ville, Bertrand de Beauvau fut le grand bienfaiteur du couvent des Ermites de saint Augustin d’Angers dans lequel il se fit inhumer avec ses trois premières épouses dans un grand tombeau de marbre noir. Il y fit « edifier tout de neuf les batiments et les cloitres et reparer l’eglise » à partir de 1468. Il lui donna de somptueuses tapisseries et plusieurs « livres très beaux, enrichys de très belles mignatures ». Pour finir, il dota le couvent de plus de 2 000 livres tournois pour des messes obituaires et diverses fondations pieuses.