16 juin 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gaspard Pagès et al., « La circulation du fer brut dans la Gaule antique et la France médiévale : Nouvelles perspectives ? », Publications de l’École française de Rome, ID : 10.4000/books.efr.7867
Dans la filière directe de réduction du fer en bas fourneaux, deux matières ferreuses « brutes » peuvent être étudiées pour tenter d’analyser la circulation des matières premières dans la métallurgie du fer antique et médiévale : les minerais de fer et les demi-produits essentiellement en forme de barres depuis l’Antiquité. Les récents développements archéométriques en archéométallurgie, fondés sur l’analyse chimique des éléments majeurs et traces contenus dans les minerais, les déchets de réduction (scories), et les produits ferreux, donnent aujourd’hui de nouvelles pistes pour étudier la provenance et la circulation de ces matériaux, s’interroger sur les possibilités et les contraintes qui les conditionnent et remettre en perspective les modèles fréquemment mobilisés en archéologie et en histoire au sujet de cette circulation. Cette contribution propose un premier bilan sur ces questions en s’appuyant sur les études interdisciplinaires menées au cours des vingt dernières années, de la fouille d’ateliers de réduction antiques et médiévaux à l’étude des barres de fers des épaves des Saintes-Maries-de-la-Mer ou de celles employées dans la construction des cathédrales gothiques. La complexité des chaînes de production mise en évidence se traduit notamment par une forte sectorisation des tâches, des échanges multiples, croisés et plus ou moins éloignés. La possible circulation du minerai sur de grandes distances jusqu’au lieu de réduction est une éventualité à prendre en compte, de même que la circulation de masses de fer plus ou moins épurées et fragmentées du lieu de réduction à des ateliers spécialisés dans la fabrication de barres. Elle révèle enfin un caractère contraignant : les dimensions des masses de fer brutes épurées et utilisées n’excèdent jamais 9 kg.