5 décembre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Jean-Baptiste Amadieu, « Le grand récit émancipateur chez Lyotard entre validité et invalidation », Publications de l’École nationale des chartes, ID : 10.4000/books.enc.12437
L’hypercriticisme, ou postmodernisme, aboutit chez Lyotard à une critique de la critique, à appliquer le soupçon critique à l’égard des pensées critiques modernes, en particulier les Lumières, le capitalisme et le marxisme. Le fait essentiel de la période postmoderne serait l’incrédulité à l’égard des philosophies modernes de l’histoire que Lyotard décrit comme des récits de l’émancipation, des métarécits susceptibles d’ordonner tous les événements historiques à une sorte d’eschatologie sécularisée de l’émancipation universelle. Ces récits finalisés par l’idée de progrès déterminent la pensée et l’action modernes. Mais, constate-t-il, l’histoire « moderne » les a tous invalidés. L’amer constat des échecs des grands récits modernes n’empêche pas Lyotard de maintenir un idéal de justice. Le situer dans l’ordre autonome et hétérogène de l’histoire, voilà la leçon qu’il tire de son hypercritique postmoderne. Il y a un différend insurmontable entre l’Idée (de justice, de liberté) et le réel. Seul ce dernier accueille la narration historique.