26 septembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Dominique Barjot, « Une face méconnue du capitalisme français en Russie », Publications de l’École nationale des chartes, ID : 10.4000/books.enc.1306
Au terme du XIXe siècle, la chute, en France, des dépenses d’investissement ferroviaires pousse les entrepreneurs français de travaux publics ou de constructions métalliques et mécaniques à exporter massivement en Russie. Ils y pénètrent en deux vagues d’expansion : 1857-1862, puis 1908-1914, entrecoupées d’une longue phase de dépression. Pour y faire face, ils concluent des alliances interfirmes, parfois avec l’apport d’entreprises belges (Hersent ou GTM avec Ackermans Van Haaren), et collaborent de façon étroite avec la banque (Régie générale des chemins de fer et Banque de l’union parisienne).Parmi les entrepreneurs les plus anciennement actifs en Russie, Hildevert Hersent, fondateur de l’entreprise, et son associé Alphonse Couvreux se rapprochent de Schneider et du Crédit lyonnais afin d’obtenir, en 1872-1875, les travaux du canal de Kronstadt à Saint-Pétersbourg. Ils se heurtent à la forte opposition de Nicolas Putilov : c’est un échec. Mais les fils d’Hildevert, Jean et Georges, sont plus heureux. Intéressés d’abord au canal Volga-Don et au pétrole de la région de Bakou, ils aménagement les ports de Saint-Pétersbourg (1905-1906) et de Reval (1911-1916), toujours avec Schneider et Ackermans Van Haaren.Au début du XXe siècle, surgissent de nouveaux compétiteurs : Schneider et Cie, Société des grands travaux de Marseille et Société générale d’entreprises. Tandis que le premier groupe agit par l’entremise du Syndicat des affaires russes et de la Société nationale de construction (1912), la Société des GTM s’impose comme la firme la plus active en Russie, qui lui procure, entre 1892 et 1913, la majorité de ses profits. Elle y aménage les ports de Tuapse et Taganrog et s’associe à la SGE dans les affaires de chemin de fer. Quant à la Société générale d’entreprises, elle opère une percée sur le marché russe, à partir de 1912 : formation de la Compagnie du chemin de fer d’Olonec, puis de la Société Podrâdčik (génie civil), travaux de la centrale thermique de Saint-Pétersbourg. Mais cet engagement ne dure pas, car les mêmes entreprises se retirent de Russie dès 1916.