26 septembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Josip Kolanovic, « L’institutionnalisation des archives et la quête de l’identité nationale en Croatie dans la seconde moitié du XIXe siècle », Publications de l’École nationale des chartes, ID : 10.4000/books.enc.664
Afin de défendre son statut politique et juridique au sein de la monarchie des Habsbourg et dans le cadre de l’union personnelle avec la Hongrie datant du XIIe siècle, c’est dès 1643 que le Parlement croate (Hrvatski sabor) a fait faire une Cistam privilegiorum Regni dans laquelle étaient conservés les papiers les plus importants attestant les droits et privilèges du Royaume croate. Le premier recueil des documents historiques témoignant des droits du Royaume et de son statut politique et juridique est publié dans la première moitié du XIXe siècle (Iura Regni), dans le contexte du mouvement de renaissance nationale. C’est à la même période que sont créées les institutions nationales centrales (Societas litteraria, Museum national, Académie).Pendant l’interruption des liens avec la Hongrie, qui dure de 1848 à 1861, l’historien Ivan Kukuljevic pose les fondements des Archives nationales : il demande des cadres permanents pour le classement et l’indexation des actes les plus importants du royaume, dont il propose la publication, formule l’idée que les archives doivent être au service des sciences et du peuple et, finalement, transfère de Budapest à Zagreb les archives qui avaient été emportées de Croatie aux XVII-XVIIIe siècles, ainsi que les documents créés à Budapest mais se rapportant à la Croatie.Au retour du régime constitutionnel (en 1861) commence une nouvelle période dans l’histoire des Archives nationales. Entre 1864 et 1867, une discussion parlementaire est menée en vue de la promulgation d’une loi sur les Archives nationales, qui traite du statut des Archives nationales, de la collecte et du rassemblement des archives des institutions régionales aux Archives nationales, ainsi que du droit d’accès aux archives. Les propositions du Parlement croate sont refusées par la Chancellerie royale à Vienne « jusqu’à la résolution des questions politiques et juridiques entre le Royaume de Hongrie et le Royaume de Croatie... », qui a lieu en 1868. La loi est finalement confirmée par le roi en 1870. En 1883 la question des archives est à nouveau examinée au Parlement, lorsque le ban Khuen Hedervary, hongrois, fait emporter à Budapest les documents qui avaient été restitués en 1848. A la fin du siècle, en 1898, démarre la publication de la première revue archivistique croate, un Bulletin d’archives. A la fin du XIXe siècle le réseau des institutions nationales centrales est définitivement mis en place : en 1913 se termine la construction d’un bâtiment propre, hébergeant ensemble la bibliothèque universitaire et les Archives nationales.