26 septembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Olivier Guyotjeannin, « Les grandes entreprises européennes d’édition de sources historiques des années 1810 aux années 1860 », Publications de l’École nationale des chartes, ID : 10.4000/books.enc.675
En un demi-siècle, de la fin des années 1810 à la fin des années 1860, une large part de l’Europe voit fleurir de monumentales collections de sources historiques, proposées aux politiques et aux lecteurs éclairés. Associées de façon transparente au sanctus amor patriae, à la recherche parallèle de la « tradition » [orale], quand ce n’est à la (re)naissance de langues « nationales » (norvégien, hongrois, serbo-croate...), elles dessinent une géographie érudite assez simple, dévoilent d’évidentes filiations dans leurs objectifs, leurs méthodes, leurs formats et leurs titres. Elles poussent pourtant sur des terrains trop divers pour se laisser enfermer dans une typologie simple, même si l’on résiste à la tentation de jauger quantités et réussites. La place accordée, par conviction ou par nécessité, au document d’archives n’y est pas sans ambiguïté — l’accord unanime se faisant en fin de période sur la collecte aux Archives vaticanes. Le champ et l’appétit aussi varient selon que les Lumières ont ou non déjà offert des « Historiens ». Partout l’espace est manipulé et le temps tordu, mais l’on y met une passion variée : zélée mais paisible presque à Paris, Londres et Turin, où la monarchie se contente de la posture d’amie des belles-lettres ; ardente en Allemagne, à Pest et Zagreb ; enflammée à Bruxelles, où les éditeurs, partis en quête de « Nos ancêtres les Ménapiens » (1860), sont en charge de la création rétrospective d’une patrie.