22 août 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Catherine Mayaux, « Dessins commentés ou le fantôme du poète », ENS Éditions, ID : 10.4000/books.enseditions.20930
« Dessins commentés » d’Henri Michaux (La Nuit remue) oscille entre deux types d’écriture : d’une part celle du compte rendu qui cherche à circonscrire par tous les procédés propres à la description la forme et donc le sens de ce qui a été dessiné ; d’autre part celle de l’écriture poétique qui fait irruption à travers l’expression d’une subjectivité plus incontrôlée, les jeux de mots et jeux phoniques, les recherches métaphoriques. Cette tension constitue une véritable isotopie puisqu’elle rejoint l’opposition qui court dans ces textes : celle de la tête et du corps, opposition qui dénonce le désir dévorant ou la nécessité destructive de voir, savoir, comprendre. Seule solution comme pour le poète : rester dans l’entre-deux, à mi-chemin entre clarté et confusion jusqu’à cette entrevision de la transparence du papier, de l’implicite des mots ou de l’inachèvement du discours. L’écriture piège donc le fantôme du poète parce qu’il rêve d’une écriture décérébralisée, immédiate, physique, mais... la tête sévère ne le permet pas.